Rapport d’analyse des Jeux Olympiques de Paris 2024

Sep 17, 2024 | Blog

Introduction

À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, Seenovate, de par son implication dans le monde du sport à travers sa marque Seesports, propose une analyse macroscopique des JOP en s’intéressant à divers aspects.

 

Contexte et objectifs

Un premier axe a pour but de donner une vision historique des Jeux Olympiques d’été à travers toutes les éditions antérieures à Paris 2024. Pour cela, diverses analyses mettent en lumière les performances des nations lors des éditions précédentes, en tenant compte du nombre de participants et des médailles remportées.

Nous proposons ensuite une vision macroscopique des performances réalisées au cours de ces Jeux Olympiques de Paris 2024, avec la proposition de classements alternatifs mais demeurant les plus justes possible.

Enfin, des analyses plus détaillées sont menées à l’échelle des disciplines et des comités olympiques, afin de mettre en exergue d’une part les différentes stratégies adoptées par ces derniers, et d’autre part les axes de progression existant pour remporter le plus de médailles possible.

Démarche

Collecte des données

La première étape consistait à construire une base de données répondant aux besoins des analyses souhaitées. Les granularités de celles-ci étant variées, nous devions disposer de sources présentant des données macros – à l’échelle de l’historique des Jeux Olympiques – ainsi que micros – c’est-à-dire des données brutes des performances réalisées lors des olympiades, de Londres 2012 à Paris 2024.

Voici un tableau récapitulatif des différentes sources de données récoltées :

Préparation des données

Toutes les données collectées sont stockées dans des fichiers CSV individuels qui nécessitent très peu de nettoyage et de préparation.

Concernant les données de performances, nous avons mis en place une règle à partir des rangs et des performances réalisées, afin d’assigner des points à chaque athlète ou nation ayant participé à une compétition. A savoir :

– Points = 1 / rang pour les 3 premiers de chaque compétition, soit respectivement 1, 0,5 et 0,33 point pour les 3 premiers.

– Points = 1 / (2 rang) pour les athlètes ou nations se classant de la 4e à la 5e place.

– Points = 1 / (3rang) pour tous les autres athlètes ayant été éliminés dès le 1er tour par exemple.

Cette méthodologie offre la possibilité de calculer un nombre de points total par nation et par discipline, tout en attribuant plus de poids aux athlètes médaillés.

I. L’histoire des Jeux Olympiques modernes

Les Jeux olympiques tels que nous les connaissons aujourd’hui furent instaurés par Pierre de Coubertin en 1894, lorsqu’il fonda le Comité International Olympique (CIO). Son souhait était de favoriser les interactions culturelles entre les pays, ainsi que de promouvoir les valeurs éducatives et universelles. Tous les 4 ans dès 1896 (sauf en période de guerre mondiale), s’est tenue une olympiade dans une ville différente, au cours de laquelle des athlètes du monde entier s’affrontent dans des disciplines évoluant au fil du temps.

 

1.1 Evolution du nombre de comités olympiques

Ce ne sont plus précisément pas des pays qui s’affrontent, mais des comités olympiques (CNO) représentant respectivement un ou plusieurs pays. Par exemple, le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) est à la fois le représentant du mouvement sportif français auprès des pouvoirs publics (en particulier du ministère chargé des sports), et le représentant en France du Comité International Olympique en tant que comité national olympique.

Le nombre de comités olympiques présents lors de chaque olympiade depuis 1896 n’a cessé d’évoluer, tout en subissant des événements géopolitiques ; comme l’atteste le graphique suivant :

Evolution du nombre de comités olympiques lors des JO d’été.

On constate effectivement que le nombre de comités olympiques est en constante croissance depuis la création des Jeux modernes. Les olympiades de 1976 et 1980 furent cependant marquées par une diminution du nombre de comités olympiques engagés, ce pour diverses raisons.

En 1980, environ 50 CNO et nations ont décidé de boycotter l’olympiade de Moscou, suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’Union Soviétique en 1979.

Enfin pour les JO de Montréal en 1976, de nombreux pays africains ont de nouveau boycotté l’événement du fait de la présence de la Nouvelle-Zélande.

 

1.2 Evolution du nombre d’athlètes et parité

Chaque comité olympique est représenté par un certain nombre d’athlètes engagés à concourir dans une ou plusieurs disciplines. Les athlètes sont de plus en plus nombreux au fil du temps, d’une part car les comités olympiques engagés sont eux-même plus nombreux, et d’autre part car de nouvelles disciplines font leur apparition d’une édition à l’autre.

Lors de la première olympiade, aucune femme ne fut autorisée à participer aux Jeux Olympiques. Ce n’est qu’en 1900 que les premières femmes ont pu se présenter. Elles seront de plus en plus nombreuses, jusqu’à atteindre une parité quasiment égale à Tokyo, en 2021. Le graphique suivant permet d’observer l’évolution du nombre de femmes et d’hommes de 1896 à 2021, ainsi que le nombre total d’athlètes.

 

Evolution de la parité lors des JO d’été.

On remarque donc que les athlètes en général, et tout particulièrement les athlètes féminines, sont de plus en plus nombreuses depuis la fin des années 70 qui ont vu se jouer, on le rappelle, des éditions un peu particulières dû à l’absence de nombreux comités olympiques. Ce n’est cependant qu’en 2021 lors des Jeux de Tokyo, initialement prévus en 2020, que la parité fut pour la première fois presque respectée avec seulement 300 athlètes féminines en moins.

1.3 Evolution du nombre de disciplines

La force des Jeux Olympiques réside dans la parenthèse temporelle durant laquelle les épreuves très diverses se déroulent pour l’obtention du titre suprême olympique. Les disciplines sont elles aussi de plus en plus nombreuses et varient au fil du temps. Si lors de la première édition des Jeux modernes seulement 10 disciplines classiques (comme l’athlétisme, la lutte, la natation ou encore la gymnastique) étaient présentes, on en retrouve pas moins de 47 lors des JO de Tokyo en 2021, incluant des inédites telles que le karaté, le basketball 3×3, le softball ou encore le skateboard.Le graphique suivant permet d’illustrer l’évolution du nombre de disciplines lors des Jeux Olympiques d’été de 1896 à 2021.

Evolution du nombre de disciplines olympiques.

Comme nous l’avons souligné, le nombre de disciplines augmente au cours des olympiades avec un pic lors des Jeux Olympiques de Tokyo. On remarque qu’entre l’édition de 1920 et celle de 1980 à Moscou, le nombre de disciplines est resté plutôt constant autour d’une vingtaine, avec très peu de turnover.

 

 1.4 Les nations les plus titrées de l’histoire

Les Jeux Olympiques ne seraient rien sans les trois couleurs de médailles récompensant les trois premiers athlètes ou les trois premières équipes ayant concouru dans une discipline ; à savoir l’or, l’argent et le bronze. À noter que pour certaines disciplines à élimination directe comme la boxe, les deux athlètes éliminés lors des demi-finales sont récompensés par une médaille de bronze, ce qui totalise 4 médaillés olympiques.

Le graphique suivant permet d’analyser les 30 nations les plus médaillées de l’histoire des Jeux Olympiques d’été, entre 1896 et 2021. Il est important de noter que les regroupements de pays, comme par exemple l’ex-Union soviétique, ont été conservés dans ce top 30 car ils font partie de l’histoire des Jeux Olympiques au même titre que l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest. Enfin, nous précisons que les nations sont ordonnées en fonction du nombre de médailles d’or.

Nations les plus médaillées

*Nations qui ne participent plus aux JO.

**Comprend les médailles remportées par l’équipe unifiée aux Jeux Olympiques de 1992, composée de tous les athlètes des pays de l’ex-Union soviétique, à l’exclusion des États baltes.

***Comprend les médailles remportées par les équipes allemandes unifiées aux Jeux Olympiques de 1956, 1960 et 1964.

****Les médailles remportées par les athlètes représentant l’Australasie aux Jeux Olympiques de 1908 et 1912 ont été redistribuées aux pays respectifs des athlètes. La médaille d’or remportée au relais 4×200 m nage libre masculin a été incluse dans les deux totaux, car l’équipe comprenait des athlètes des deux pays.

On remarque que les États-Unis sont ultra-dominants depuis la création des Jeux modernes et devancent largement le regroupement entre la Russie, l’ex-Union soviétique et le Comité olympique russe (récemment créé à la suite des affaires de dopage chez les athlètes russes). Bien que n’ayant pas participé aux olympiades depuis 1992, à l’issue de sa dissolution en 1991, l’ex-Union soviétique reste malgré tout le troisième comité olympique le plus titré de l’histoire des Jeux Olympiques. La France, quant à elle, est la huitième nation la plus titrée de l’histoire, ce qui est loin d’être négligeable.

 

2. Les Jeux Olympiques de Paris 2024

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 se sont déroulés du 26 juillet au 11 août. Ils représentent la XXXIIIe olympiade de l’ère moderne. Paris devient ainsi la 2e ville de l’histoire à accueillir les Jeux Olympiques d’été une troisième fois, après 1900 et 1924.

En quelques chiffres, Paris 2024 c’est:

  • 206 comités olympiques réunis
  • Environ 10 500 athlètes
  • 45 disciplines soit 2 de moins qu’à Tokyo en 2021, mais avec l’apparition d’une nouvelle discipline: le breakdance
  • 329 épreuves au total soit 329 médailles d’or décernées.

L’objectif de cette partie est d’apporter une vision alternative des analyses rencontrées depuis la fin des JO.

2.1 Parité et nations les plus représentées.

Un des sujets majeurs concerne la parité entre les femmes et les hommes. Nous avons vu dans la première partie que cette dernière tendait à s’équilibrer depuis les JO de Tokyo. Le comité d’organisation de Paris 2024 a d’ailleurs mis en avant une parité totale. La répartition exacte des athlètes est en réalité la suivante :

Parité aux JO de Paris 2024.

Malgré un très léger différentiel entre les hommes et les femmes, la parité totale est proche d’être respectée.

Avant d’aborder le sujet des médailles et des nations les plus médaillées, il est important d’étudier les comités olympiques les plus représentés lors des JO de Paris. Pour cela, le graphique suivant permet d’observer à la fois le top 20 des nations les plus représentées ainsi que la répartition des femmes et des hommes pour chacune d’entre elles.

Top 20 des nations en terme d’effectif.

 

Les États-Unis et la France sont de loin les deux nations les plus représentées lors de cette olympiade. On note que les délégations puissantes, comme les USA, la Chine ou encore l’Australie, sont venues à Paris avec plus de femmes que d’hommes. Si, dans l’ensemble, les nations de ce top 20 présentent un équilibre relatif entre les hommes et les femmes, on remarque que l’Argentine et l’Égypte avaient une délégation constituée respectivement aux 3/4 et 2/3 d’hommes.

 

2.2 Les nations les plus titrées à Paris

2.2.1 Classement « classique »

La première information qui ressort d’une olympiade est naturellement le classement des nations, qui se fait traditionnellement selon le nombre de médailles d’or gagnées, puis d’argent et de bronze. Nous avons pu voir que les USA dominaient historiquement ce classement. Si la Chine talonne quant à elle les États-Unis depuis quelques années, il est difficile de trouver une hiérarchie stable entre le Japon, la Grande-Bretagne ou encore l’Australie. Avant de proposer une vision alternative de ce classement, il est essentiel de le présenter tel que tout le monde le connaît aujourd’hui.

 

Classement des nations JO 2024.

Comme mentionné en introduction, on peut voir que la Chine talonne de très près les États-Unis puisque ces deux délégations ont gagné exactement le même nombre de titres olympiques. La différence se fait donc au niveau des médailles d’argent et de bronze, et on constate que les USA sont largement au-dessus de leurs rivaux chinois sur ces deux aspects. La bataille pour la troisième place a été, quant à elle, âpre durant la quinzaine olympique. Si la France a longtemps bénéficié du « home advantage », elle a craqué en deuxième semaine pour finir à une honorable 5e place, dépassant de loin son meilleur résultat en termes de médailles totales. C’est finalement le Japon qui s’est imposé et se confirme comme étant la troisième nation forte des Jeux Olympiques, avec 20 titres olympiques glanés, soit 7 de moins que lors de leurs jeux mais qui suffisent pour s’accrocher au podium. Enfin, quelques bonnes surprises sont à noter dans ce top 20: l’Ouzbékistan pointe à la 13e place de ce classement, ainsi que l’Irlande, qui intègre le top 20 avec 4 titres olympiques.

Cependant, il est important de nuancer ce classement en prenant en compte des aspects démographiques tel que le nombre d’habitants par pays; mais également en ne se limitant pas simplement aux médailles d’or, en considérant le nombre total de médailles ainsi que le nombre d’athlètes médaillés par délégation par rapport au nombre total d’athlètes, etc.

2.2.2 Normalisation du classement par rapport à la population de chaque pays

Un premier moyen d’ajuster ce classement est donc de « normaliser » le nombre de médailles d’or ainsi que le nombre total de médailles en fonction de la population totale de chaque nation. Le graphique suivant présente l’évolution de ce classement : les nations sont d’abord triées selon leur position dans le classement « classique », puis on affiche leur rang selon les deux méthodes appliquées :

  • Normalisation du nombre de médailles d’or par rapport à la population totale du pays, soit le nombre de médailles d’or par habitant
  • Normalisation du nombre total de médailles par rapport à la population totale du pays, soit le nombre de médailles totales par habitant

 

Evolution du classement des nations JO 2024.

Le constat est sans appel : les deux délégations fortes que sont les USA et la Chine chutent totalement dans le top 20 et se retrouvent aux alentours de la quinzième place pour les États-Unis et de la vingtième place pour la Chine. Le Japon voit également sa troisième place nettement contestée.
En revanche, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, ainsi que des nations comme l’Irlande, la Norvège ou encore la Hongrie voient leur classement s’améliorer de façon significative. La Nouvelle-Zélande se retrouve projetée à la 1e place, et les Pays-Bas à la 2e ou à la 3e place selon la méthode appliquée. Cela signifie que, malgré une population bien moins importante que les grandes puissances mondiales, ces nations se démarquent par un vivier d’athlètes de haut niveau capables de briller dans la plus grande des compétitions.
Enfin, nous pouvons aussi voir que le classement de la France se retrouve fragilisé si l’on prend en compte la population du pays, puisque la délégation française se voit reléguée à la neuvième et à la huitième position du classement. Ce qui veut dire que, malgré un très bon classement, la France pourrait largement faire mieux si l’on prend en compte sa puissance démographique.
Remarque: Une dernière piste envisageable pour construire un classement des nations encore plus « juste » consisterait à prendre en compte la part d’investissement de chacune des nations ou encore le budget de chaque comité olympique, afin de normaliser le nombre de médailles gagnées par cette valeur, qui serait un véritable témoin de l’implication d’un pays dans le sport de manière générale. 

2.2.3 Nombre d’athlètes médaillés et nombre de disciplines médaillées par délégation.

 

Un autre moyen de nuancer le classement des nations est de prendre en compte le nombre total d’athlètes par délégation ainsi que le nombre de disciplines dans lesquelles les délégations ont glané des médailles. Pour cela, nous avons calculé le rapport entre le nombre d’athlètes médaillés et le nombre total d’athlètes par délégation, ainsi que le nombre de disciplines dans lesquelles chaque délégation a remporté des médailles.
À noter que pour les sports collectifs, tous les membres de l’effectif sont comptés comme athlètes médaillés.
Le graphique suivant permet donc d’observer la relation entre le rapport du nombre de médaillés et le nombre total d’athlètes, avec le nombre de disciplines médaillées. La taille des points dépend quant à elle du nombre total de médailles gagnées.

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette analyse. En effet, on peut catégoriser les délégations selon quatre caractéristiques :

  • Les nations spécifiques en haut à gauche
  • Les nations puissantes en haut à droite
  • Les nations qui gagnent peu dans peu de disciplines
  • Les nations qui gagnent peu mais dans beaucoup de disciplines

On remarque que la Corée du Nord possède 50 % d’athlètes médaillés dans très peu de disciplines, ce qui signifie qu’ils sont spécialisés dans des disciplines où ils sont sûrs de gagner. À l’inverse, des pays comme la Croatie, la Norvège ou bien la Serbie récoltent des médailles dans peu de disciplines et ont peu d’athlètes médaillés à l’échelle de leur propre délégation. Concernant des nations comme la France, l’Allemagne ou encore l’Australie, elles gagnent des médailles dans beaucoup de disciplines, mais ont cependant un ratio de médaillés assez faible, tout en sachant que ces nations sont souvent sur le podium dans de nombreux sports collectifs. Enfin, les nations puissantes des Jeux Olympiques, comme la Chine, les Pays-Bas et, bien évidemment, les USA, sont des nations complètes, puisqu’elles ne sont pas spécialisées dans des disciplines où elles sont sûres de gagner des médailles et possèdent un ratio de médaillés important à l’échelle de leur délégation respective.

 

2.3 Les athlètes les plus médaillés à Paris

Après s’être intéressé aux classements à l’échelle des nations, la dernière étape vise à étudier les athlètes les plus médaillés. Ce classement peut à la fois témoigner de la puissance de certaines délégations ou, à l’inverse, de la faiblesse relative de certaines autres.

Voici donc le top 15 des athlètes les plus médaillés lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.

15 athlètes les plus médaillés aux JO 2024.

Le premier constat est que seulement 7 nations sont représentées parmi les 15 athlètes médaillés, et que 6 athlètes américains figurent dans ce classement, ce qui démontre une nouvelle fois la puissance de la délégation américaine.

À l’inverse, Léon Marchand est de loin l’athlète le plus médaillé de la délégation française avec quatre médailles d’or et cinq au total. Le constat est sans appel, tant sur la performance exceptionnelle réalisée par le nageur de 23 ans que sur le fait qu’il rapporte à lui seul un quart des médailles d’or de la délégation française et un peu moins de 10 % de la totalité des médailles. Sans Léon Marchand, la France chuterait au niveau de l’Italie, soit à la huitième place du classement des nations.

3. Analyses spécifiques des performances réalisées lors des JO de Paris 2024

 

Après avoir réalisé une analyse macroscopique des performances à Paris, il s’avère intéressant de faire le focus sur certaines disciplines clés et sur l’historique des Jeux Olympiques.

Pour ce faire nous allons nous concentrer sur quelques disciplines, telles que l’athlétisme, la natation ou encore l’escrime.

Ensuite, nous nous concentrerons sur la délégation française qui a remporté un record de 64 médailles olympiques. Nous chercherons à identifier les disciplines dans lesquelles la France a fortement progressé ou à l’inverse, régressé depuis les Jeux Olympiques de Londres en 2012.

 

3.1 L’athlétisme : les USA et les autres

Les épreuves d’athlétisme constituent toujours un moment fort lors d’une olympiade et Paris 2024 n’a pas dérogé à la règle. Le constat est sans appel : les USA dominent l’athlétisme international. Le graphique suivant le démontre :

Ranking des épreuves d’athlétisme. Les valeurs numériques représentent le nombre de titres olympiques obtenus pour chaque nation.

On constate en effet que les USA sont de loin la délégation la plus puissante en athlétisme. Les rankings médians doivent être vus comme une information complémentaire, mais ne remettent en aucun cas en question le classement établi. Les USA possèdent par exemple un ranking médian de 9, tout en s’imposant comme la délégation la plus performante.

Si l’on s’intéresse plus précisément à l’évolution des rankings des pays hôtes et des États-Unis, lors des quatre dernières olympiades, on remarque différentes courbes, visibles sur le graphique suivant :

 

Evolution des rankings en athlétisme des pays hôtes.

En premier lieu, nous constatons la domination constante des USA au cours des quatre dernières olympiades. Par ailleurs, on remarque que le Brésil et le Japon ont tout mis en œuvre pour obtenir un bilan honorable lors de leurs olympiades respectives, puisqu’ils n’ont jamais réitéré ce niveau de performance.
La Grande-Bretagne quant à elle, démontre une certaine stabilité entre 2012 et 2021, avant de progresser considérablement lors des JO de Paris.
Enfin, la délégation française n’a pas obtenu les mêmes résultats que le Brésil et le Japon lorsqu’ils ont organisé leurs Jeux. On constate effectivement une baisse progressive de son niveau de performances, malgré plusieurs succès honorables. La France semble souffrir de la concurrence et accuser un retard par rapport aux autres nations. 

3.2 La natation : grande bataille derrière les USA

Centrons nous à présent sur les épreuves de natation, pour lesquelles nous avons calculé le classement de chaque nation.

Ranking des épreuves de natation. Les valeurs numériques représentent le nombre de titres olympiques obtenus pour chaque nation.

 

Bien que toujours dominants, les États-Unis sont talonnés par l’Australie avec ses 7 titres olympiques et 18 médailles. Derrière ces deux nations, la lutte est féroce entre le Canada, la France et la Chine.

 

Evolution des rankings en natation des pays hôtes.

Comme en athlétisme, les États-Unis dominent les épreuves de natation depuis les 4 dernières olympiades. La Grande-Bretagne et surtout le Japon, ont vu leur classement respectif chuter à Paris. La France quant à elle, retouve des couleurs en remportant quasiment le même nombre total de médailles qu’à Londres, supérieur à celui de Rio et de Tokyo.

3.3 L’escrime : une progression malgré quelques frustrations

L’escrime fait elle aussi partie des disciplines emblématiques des Jeux Olympiques d’été et permet souvent à la délégation française d’augmenter significativement son nombre de médailles. Qu’en est-il cette année ?

Ranking des épreuves d’escrime. Les valeurs numériques représentent le nombre de titres olympiques obtenus pour chaque nation.

Le Japon domine ce classement devant la France, malgré le fait qu’elle ait remporté plus de médailles. Sur les 7 gagnées à Paris, on ne peut compter qu’une seule en or à l’issue d’une confrontation franco-française ; la France totalisant 3 finales perdues.

 

Evolution des rankings en escrime des pays hôtes.

Lors des deux précédentes olympiades, la France et le Japon se sont talonnées dans le top 5 des meilleures nations. En revanche, la Grande-Bretagne et le Brésil ne semblent pas beaucoup investir dans les différentes disciplines de l’escrime.

3.4 Focus sur quelques disciplines pour la délégaation française

3.4.1 Les difficultés

L’objectif ici est de porter un regard sur quelques disciplines pour lesquelles la France fait face à certaines difficultés, en l’occurence l’athlétisme, la gymnastique, l’escalade, l’aviron et le cyclisme sur piste.

 

Disciplines où la France éprouve des difficultés.

 

Concernant tout d’abord le cyclisme sur piste, nous observons un manque de constance. La délégation se retrouve en effet dans le top 5 des nations les plus performantes une année sur deux seulement (à Londres et à Tokyo), tandis qu’elle en est éjectée à Rio et à Paris.
En gymnastique, la France espérait réintégrer le top 10 atteint uniquement à Londres, mais elle n’y parvient pas, se classant même en dehors du top 20.
Pour l’aviron, malgré l’intégration du top 10 à deux reprises consécutives en 2016 et 2020, la délégation française se retrouve au-delà de la quinzième position, soit encore moins bien qu’en 2012 à Londres.
L’athlétisme, pour finir, demeure un point noir pour les Français. En effet, mise à part une brève apparition dans le top 10 à Rio, le top 20 est péniblement atteint lors des deux dernières éditions. 

3.4.2 Les disciplines où la France tire son épingle du jeu

Nous avons cette fois-ci sélectionné un échantillon de disciplines dans lesquelles la France affiche des résultats satisfaisants, comprenant la natation, le judo, l’escrime ou encore le BMX.

Disciplines où la France tire son épingle du jeu.

 

Les analyses ayant déjà été réalisées sur la natation et l’escrime au cours des sections précédentes, nous nous concentrons à présent sur d’autres disciplines.
Concernant le canoë-kayak, la France est revenue dans ses standards du top 10 comme à Londres et Rio, alors qu’elle s’était positionnée en dehors du top 20 à Tokyo. Cela démontre une capacité de rebond avec l’émergence d’une jeune génération prometteuse.
Nous observons également ce phénomène en judo, où la France avait difficilement atteint le top 10 à Tokyo faisant face à de nombreuses déceptions, et se retrouve sur le podium à Paris, comme à Londres et Rio.
Le tennis de table, discipline dominée par la Chine depuis son apparition aux JO en 1988, affiche un bilan très positif pour la délégation française qui intègre le top 5 avec deux médailles, alors qu’elle se trouvait bien au-delà du top 10 lors des trois précédentes éditions.
Le VTT français (XCO) revient également sur le devant de la scène, puisque les Bleus sont les seuls à avoir remporté deux médailles – dont une en or chez les femmes – ce qui les place comme à Londres, sur la plus haute marche du podium, alors que le top 5 n’avait pas été atteint à Rio ni à Tokyo.
Concernant le triathlon, la France figure dans le top 10 depuis les quatre dernières olympiades. Cette année, avec notamment un titre olympique et une médaille de bronze, elle devient la deuxième nation la plus performante.
Enfin, nous terminons avec le BMX et l’exceptionnel triplé réalisé par les Bleus lors de l’épreuve de racing. La France se place ainsi sur la plus haute marche du podium, tandis qu’elle oscillait autour du top 10 (en dehors à Tokyo, et en dedans à Londres et Rio).

4. Conclusion

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 demeureront sans doute l’une des plus belles olympiades de l’histoire, tant sur le plan sportif qu’extra-sportif. Le succès fut complet. Notons que le pari sur la parité entre les hommes et les femmes a été respecté.

Au niveau des performances, si les États-Unis et la Chine confirment leur domination à l’échelle mondiale et au sein de diverses disciplines, les comités olympiques européens ont su tirer leur épingle du jeu, à l’image des Pays-Bas, de la France ou encore de la Grande-Bretagne. Cependant, le nombre total de médailles remportées par une délégation doit toujours être nuancé par la puissance démographique de la nation, comme nous l’avons vu à travers la seconde partie.

En ce qui concerne la délégation française, elle a non seulement battu son record de médailles totales remportées sur une olympiade, mais aussi celui du nombre de médailles d’or. La France a dominé certaines disciplines comme le BMX, le VTT ou encore le triathlon, et s’est souvent retrouvée sur le podium des sports collectifs, notamment en basket, football, handball et volley. Le bilan aurait pu être encore meilleur si les Français avaient remporté davantage de finales, notamment en escrime ou en boxe. Pour finir, il convient de mentionner le nouveau phénomène de la natation mondiale, Léon Marchand, qui a su répondre présent au défi fou de ses 4 médailles d’or.

Tout le monde est unanime chez Seenovate quant à la réussite de ces Jeux Olympiques de Paris 2024. Nous félicitons l’ensemble des athlètes français engagés sur ces Jeux et tout particulièrement les médaillés, et les remercions pour les émotions qu’ils nous ont procurées.

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