Introduction
À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, Seenovate, de par son implication dans le monde du sport à travers sa marque Seesports, propose une analyse macroscopique des JOP en s’intéressant à divers aspects.
Contexte et objectifs
Un premier axe a pour but de donner une vision historique des Jeux Olympiques d’été à travers toutes les éditions antérieures à Paris 2024. Pour cela, diverses analyses mettent en lumière les performances des nations lors des éditions précédentes, en tenant compte du nombre de participants et des médailles remportées.
Nous proposons ensuite une vision macroscopique des performances réalisées au cours de ces Jeux Olympiques de Paris 2024, avec la proposition de classements alternatifs mais demeurant les plus justes possible.
Enfin, des analyses plus détaillées sont menées à l’échelle des disciplines et des comités olympiques, afin de mettre en exergue d’une part les différentes stratégies adoptées par ces derniers, et d’autre part les axes de progression existant pour remporter le plus de médailles possible.
Démarche
Collecte des données
La première étape consistait à construire une base de données répondant aux besoins des analyses souhaitées. Les granularités de celles-ci étant variées, nous devions disposer de sources présentant des données macros
– à l’échelle de l’historique des Jeux Olympiques – ainsi que micros
– c’est-à-dire des données brutes des performances réalisées lors des olympiades, de Londres 2012 à Paris 2024.
Voici un tableau récapitulatif des différentes sources de données récoltées :
Préparation des données
Toutes les données collectées sont stockées dans des fichiers CSV individuels qui nécessitent très peu de nettoyage et de préparation.
Concernant les données de performances, nous avons mis en place une règle à partir des rangs et des performances réalisées, afin d’assigner des points à chaque athlète ou nation ayant participé à une compétition. A savoir :
– Points = 1 / rang pour les 3 premiers de chaque compétition, soit respectivement 1, 0,5 et 0,33 point pour les 3 premiers.
– Points = 1 / (2 rang) pour les athlètes ou nations se classant de la 4e à la 5e place.
– Points = 1 / (3rang) pour tous les autres athlètes ayant été éliminés dès le 1er tour par exemple.
Cette méthodologie offre la possibilité de calculer un nombre de points total par nation et par discipline, tout en attribuant plus de poids aux athlètes médaillés.
I. L’histoire des Jeux Olympiques modernes
Ce ne sont plus précisément pas des pays qui s’affrontent, mais des comités olympiques (CNO) représentant respectivement un ou plusieurs pays. Par exemple, le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) est à la fois le représentant du mouvement sportif français auprès des pouvoirs publics (en particulier du ministère chargé des sports), et le représentant en France du Comité International Olympique en tant que comité national olympique.
Le nombre de comités olympiques présents lors de chaque olympiade depuis 1896 n’a cessé d’évoluer, tout en subissant des événements géopolitiques ; comme l’atteste le graphique suivant :
On constate effectivement que le nombre de comités olympiques est en constante croissance depuis la création des Jeux modernes. Les olympiades de 1976 et 1980 furent cependant marquées par une diminution du nombre de comités olympiques engagés, ce pour diverses raisons.
En 1980, environ 50 CNO et nations ont décidé de boycotter l’olympiade de Moscou, suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’Union Soviétique en 1979.
Enfin pour les JO de Montréal en 1976, de nombreux pays africains ont de nouveau boycotté l’événement du fait de la présence de la Nouvelle-Zélande.
1.2 Evolution du nombre d’athlètes et parité
Chaque comité olympique est représenté par un certain nombre d’athlètes engagés à concourir dans une ou plusieurs disciplines. Les athlètes sont de plus en plus nombreux au fil du temps, d’une part car les comités olympiques engagés sont eux-même plus nombreux, et d’autre part car de nouvelles disciplines font leur apparition d’une édition à l’autre.
Lors de la première olympiade, aucune femme ne fut autorisée à participer aux Jeux Olympiques. Ce n’est qu’en 1900 que les premières femmes ont pu se présenter. Elles seront de plus en plus nombreuses, jusqu’à atteindre une parité quasiment égale à Tokyo, en 2021. Le graphique suivant permet d’observer l’évolution du nombre de femmes et d’hommes de 1896 à 2021, ainsi que le nombre total d’athlètes.
1.3 Evolution du nombre de disciplines
Comme nous l’avons souligné, le nombre de disciplines augmente au cours des olympiades avec un pic lors des Jeux Olympiques de Tokyo. On remarque qu’entre l’édition de 1920 et celle de 1980 à Moscou, le nombre de disciplines est resté plutôt constant autour d’une vingtaine, avec très peu de turnover.
1.4 Les nations les plus titrées de l’histoire
Les Jeux Olympiques ne seraient rien sans les trois couleurs de médailles récompensant les trois premiers athlètes ou les trois premières équipes ayant concouru dans une discipline ; à savoir l’or, l’argent et le bronze. À noter que pour certaines disciplines à élimination directe comme la boxe, les deux athlètes éliminés lors des demi-finales sont récompensés par une médaille de bronze, ce qui totalise 4 médaillés olympiques.
Le graphique suivant permet d’analyser les 30 nations les plus médaillées de l’histoire des Jeux Olympiques d’été, entre 1896 et 2021. Il est important de noter que les regroupements de pays, comme par exemple l’ex-Union soviétique, ont été conservés dans ce top 30 car ils font partie de l’histoire des Jeux Olympiques au même titre que l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest. Enfin, nous précisons que les nations sont ordonnées en fonction du nombre de médailles d’or.
*Nations qui ne participent plus aux JO.
**Comprend les médailles remportées par l’équipe unifiée aux Jeux Olympiques de 1992, composée de tous les athlètes des pays de l’ex-Union soviétique, à l’exclusion des États baltes.
***Comprend les médailles remportées par les équipes allemandes unifiées aux Jeux Olympiques de 1956, 1960 et 1964.
****Les médailles remportées par les athlètes représentant l’Australasie aux Jeux Olympiques de 1908 et 1912 ont été redistribuées aux pays respectifs des athlètes. La médaille d’or remportée au relais 4×200 m nage libre masculin a été incluse dans les deux totaux, car l’équipe comprenait des athlètes des deux pays.
On remarque que les États-Unis sont ultra-dominants depuis la création des Jeux modernes et devancent largement le regroupement entre la Russie, l’ex-Union soviétique et le Comité olympique russe (récemment créé à la suite des affaires de dopage chez les athlètes russes). Bien que n’ayant pas participé aux olympiades depuis 1992, à l’issue de sa dissolution en 1991, l’ex-Union soviétique reste malgré tout le troisième comité olympique le plus titré de l’histoire des Jeux Olympiques. La France, quant à elle, est la huitième nation la plus titrée de l’histoire, ce qui est loin d’être négligeable.
2. Les Jeux Olympiques de Paris 2024
Comme mentionné en introduction, on peut voir que la Chine talonne de très près les États-Unis puisque ces deux délégations ont gagné exactement le même nombre de titres olympiques. La différence se fait donc au niveau des médailles d’argent et de bronze, et on constate que les USA sont largement au-dessus de leurs rivaux chinois sur ces deux aspects. La bataille pour la troisième place a été, quant à elle, âpre durant la quinzaine olympique. Si la France a longtemps bénéficié du « home advantage », elle a craqué en deuxième semaine pour finir à une honorable 5e place, dépassant de loin son meilleur résultat en termes de médailles totales. C’est finalement le Japon qui s’est imposé et se confirme comme étant la troisième nation forte des Jeux Olympiques, avec 20 titres olympiques glanés, soit 7 de moins que lors de leurs jeux mais qui suffisent pour s’accrocher au podium. Enfin, quelques bonnes surprises sont à noter dans ce top 20: l’Ouzbékistan pointe à la 13e place de ce classement, ainsi que l’Irlande, qui intègre le top 20 avec 4 titres olympiques.
Cependant, il est important de nuancer ce classement en prenant en compte des aspects démographiques tel que le nombre d’habitants par pays; mais également en ne se limitant pas simplement aux médailles d’or, en considérant le nombre total de médailles ainsi que le nombre d’athlètes médaillés par délégation par rapport au nombre total d’athlètes, etc.
2.2.2 Normalisation du classement par rapport à la population de chaque pays
Un premier moyen d’ajuster ce classement est donc de « normaliser » le nombre de médailles d’or ainsi que le nombre total de médailles en fonction de la population totale de chaque nation. Le graphique suivant présente l’évolution de ce classement : les nations sont d’abord triées selon leur position dans le classement « classique », puis on affiche leur rang selon les deux méthodes appliquées :
- Normalisation du nombre de médailles d’or par rapport à la population totale du pays, soit le nombre de médailles d’or par habitant
- Normalisation du nombre total de médailles par rapport à la population totale du pays, soit le nombre de médailles totales par habitant
2.2.3 Nombre d’athlètes médaillés et nombre de disciplines médaillées par délégation.
- Les nations spécifiques en haut à gauche
- Les nations puissantes en haut à droite
- Les nations qui gagnent peu dans peu de disciplines
- Les nations qui gagnent peu mais dans beaucoup de disciplines
On remarque que la Corée du Nord possède 50 % d’athlètes médaillés dans très peu de disciplines, ce qui signifie qu’ils sont spécialisés dans des disciplines où ils sont sûrs de gagner. À l’inverse, des pays comme la Croatie, la Norvège ou bien la Serbie récoltent des médailles dans peu de disciplines et ont peu d’athlètes médaillés à l’échelle de leur propre délégation. Concernant des nations comme la France, l’Allemagne ou encore l’Australie, elles gagnent des médailles dans beaucoup de disciplines, mais ont cependant un ratio de médaillés assez faible, tout en sachant que ces nations sont souvent sur le podium dans de nombreux sports collectifs. Enfin, les nations puissantes des Jeux Olympiques, comme la Chine, les Pays-Bas et, bien évidemment, les USA, sont des nations complètes, puisqu’elles ne sont pas spécialisées dans des disciplines où elles sont sûres de gagner des médailles et possèdent un ratio de médaillés important à l’échelle de leur délégation respective.
2.3 Les athlètes les plus médaillés à Paris
Après s’être intéressé aux classements à l’échelle des nations, la dernière étape vise à étudier les athlètes les plus médaillés. Ce classement peut à la fois témoigner de la puissance de certaines délégations ou, à l’inverse, de la faiblesse relative de certaines autres.
Voici donc le top 15 des athlètes les plus médaillés lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Le premier constat est que seulement 7 nations sont représentées parmi les 15 athlètes médaillés, et que 6 athlètes américains figurent dans ce classement, ce qui démontre une nouvelle fois la puissance de la délégation américaine.
À l’inverse, Léon Marchand est de loin l’athlète le plus médaillé de la délégation française avec quatre médailles d’or et cinq au total. Le constat est sans appel, tant sur la performance exceptionnelle réalisée par le nageur de 23 ans que sur le fait qu’il rapporte à lui seul un quart des médailles d’or de la délégation française et un peu moins de 10 % de la totalité des médailles. Sans Léon Marchand, la France chuterait au niveau de l’Italie, soit à la huitième place du classement des nations.
3. Analyses spécifiques des performances réalisées lors des JO de Paris 2024
Après avoir réalisé une analyse macroscopique des performances à Paris, il s’avère intéressant de faire le focus sur certaines disciplines clés et sur l’historique des Jeux Olympiques.
Pour ce faire nous allons nous concentrer sur quelques disciplines, telles que l’athlétisme, la natation ou encore l’escrime.
Ensuite, nous nous concentrerons sur la délégation française qui a remporté un record de 64 médailles olympiques. Nous chercherons à identifier les disciplines dans lesquelles la France a fortement progressé ou à l’inverse, régressé depuis les Jeux Olympiques de Londres en 2012.
3.1 L’athlétisme : les USA et les autres
Les épreuves d’athlétisme constituent toujours un moment fort lors d’une olympiade et Paris 2024 n’a pas dérogé à la règle. Le constat est sans appel : les USA dominent l’athlétisme international. Le graphique suivant le démontre :
On constate en effet que les USA sont de loin la délégation la plus puissante en athlétisme. Les rankings médians doivent être vus comme une information complémentaire, mais ne remettent en aucun cas en question le classement établi. Les USA possèdent par exemple un ranking médian de 9, tout en s’imposant comme la délégation la plus performante.
Si l’on s’intéresse plus précisément à l’évolution des rankings des pays hôtes et des États-Unis, lors des quatre dernières olympiades, on remarque différentes courbes, visibles sur le graphique suivant :
3.2 La natation : grande bataille derrière les USA
Centrons nous à présent sur les épreuves de natation, pour lesquelles nous avons calculé le classement de chaque nation.
Bien que toujours dominants, les États-Unis sont talonnés par l’Australie avec ses 7 titres olympiques et 18 médailles. Derrière ces deux nations, la lutte est féroce entre le Canada, la France et la Chine.
3.3 L’escrime : une progression malgré quelques frustrations
L’escrime fait elle aussi partie des disciplines emblématiques des Jeux Olympiques d’été et permet souvent à la délégation française d’augmenter significativement son nombre de médailles. Qu’en est-il cette année ?
Le Japon domine ce classement devant la France, malgré le fait qu’elle ait remporté plus de médailles. Sur les 7 gagnées à Paris, on ne peut compter qu’une seule en or à l’issue d’une confrontation franco-française ; la France totalisant 3 finales perdues.
3.4 Focus sur quelques disciplines pour la délégaation française
3.4.1 Les difficultés
L’objectif ici est de porter un regard sur quelques disciplines pour lesquelles la France fait face à certaines difficultés, en l’occurence l’athlétisme, la gymnastique, l’escalade, l’aviron et le cyclisme sur piste.
3.4.2 Les disciplines où la France tire son épingle du jeu
Nous avons cette fois-ci sélectionné un échantillon de disciplines dans lesquelles la France affiche des résultats satisfaisants, comprenant la natation, le judo, l’escrime ou encore le BMX.
4. Conclusion
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 demeureront sans doute l’une des plus belles olympiades de l’histoire, tant sur le plan sportif qu’extra-sportif. Le succès fut complet. Notons que le pari sur la parité entre les hommes et les femmes a été respecté.
Au niveau des performances, si les États-Unis et la Chine confirment leur domination à l’échelle mondiale et au sein de diverses disciplines, les comités olympiques européens ont su tirer leur épingle du jeu, à l’image des Pays-Bas, de la France ou encore de la Grande-Bretagne. Cependant, le nombre total de médailles remportées par une délégation doit toujours être nuancé par la puissance démographique de la nation, comme nous l’avons vu à travers la seconde partie.
En ce qui concerne la délégation française, elle a non seulement battu son record de médailles totales remportées sur une olympiade, mais aussi celui du nombre de médailles d’or. La France a dominé certaines disciplines comme le BMX, le VTT ou encore le triathlon, et s’est souvent retrouvée sur le podium des sports collectifs, notamment en basket, football, handball et volley. Le bilan aurait pu être encore meilleur si les Français avaient remporté davantage de finales, notamment en escrime ou en boxe. Pour finir, il convient de mentionner le nouveau phénomène de la natation mondiale, Léon Marchand, qui a su répondre présent au défi fou de ses 4 médailles d’or.
Tout le monde est unanime chez Seenovate quant à la réussite de ces Jeux Olympiques de Paris 2024. Nous félicitons l’ensemble des athlètes français engagés sur ces Jeux et tout particulièrement les médaillés, et les remercions pour les émotions qu’ils nous ont procurées.