24h d’aviron indoor : la data au service de la performance
Comme nous vous l’avions partagé via cette vidéo, Seenovate, par sa marque Seesports, contribue à l’accompagnement et à l’optimisation de la performance des athlètes de la Fédération Française de Natation (FFN) sur le plan numérique. Naturellement, nous avons choisi d’accompagner Rémi Duhautois (Directeur du haut-niveau, FFN) logistiquement et technologiquement pour sa tentative de record des 24h d’aviron indoor. Ce challenge s’est déroulé à l’occasion des championnats de France d’aviron, à Paris les 2 et 3 février 2024.
Nous vous présenterons dans cet article les éléments clés de notre accompagnement, et le déroulement de cette tentative de record qui s’est conclue par une belle réussite. Avant tout, voici l’événement en quelques chiffres : 24 heures d’effort sur un rameur de type Concept 2, des records variant entre 251 km pour la référence nationale de la catégorie 40-49 ans, et dépassant les 300 km pour la référence mondiale de cette même catégorie, soit l’équivalent d’un billet aller pour la Corse depuis Marseille en 24 heures !
Une préparation au service de l’athlète
Nous parlerons d’effort peu commun dans cet article, d’ultra-endurance pour les adeptes, avec toutes les contraintes associées. En effet, produire un effort physique pendant 24 heures implique nécessairement des qualités physiques spécifiques d’endurance, de force, mais surtout mentales afin de gérer l’effort et conserver une certaine maîtrise de la performance.
Parmi les contraintes inhérentes à l’épreuve, on note évidemment la perturbation du rythme circadien. L’objectif étant de parcourir la plus longue distance en un temps fini, un repos de quelques heures est inenvisageable au point d’anéantir toute chance de record. L’enjeu est donc de s’alimenter et d’organiser des temps de repos pour rester performant sur les temps d’effort.
Pour cela, Seenovate au travers de sa marque Seesports a accompagné Rémi sur le plan technologique. Cet accompagnement s’est articulé en 3 phases :
- La première était consacrée à l’écoute et à la compréhension des besoins de l’athlète.
- La seconde visait un accompagnement informatique, par le développement d’une application répondant d’une part aux attentes spécifiques et proposant d’autre part des fonctionnalités inédites.
- Enfin, s’en est suivi la présentation des propositions d’application à l’athlète, afin de valider les fonctionnalités développées. Deux applications de visualisation des données ont finalement été retenues pour accompagner Rémi et son staff dans sa tentative de record.
Des applications de visualisation pour « monitorer » la performance
La première application avait pour fonctionnalité le suivi des performances de l’athlète. L’objectif était de permettre à Rémi de connaître ses temps de passage tout au long de l’événement et de pouvoir les comparer aux records ciblés.
Ce suivi avait pour objectif d’adopter une stratégie optimale de récupération grâce aux temps de pause. En effet, l’application proposait des pauses chaque heure, d’une durée variable en fonction des allures réalisées et du record ciblé (record mondial, record national 40-49, etc., voir Figure 1). Les informations liées aux records défilaient à l’écran pour que Rémi et son staff puissent savoir en temps réel où il se situait par rapport aux records à battre. Une attention particulière a été mise sur la simplicité des informations, afin de minimiser autant que possible les efforts de concentration et de compréhension des informations affichées. En effet, à partir d’une douzaine d’heures d’effort avec peu de temps de récupération, les choses simples peuvent s’avérer plus complexes. La facilité de lecture et de compréhension était donc un enjeu crucial.
Ainsi, l’application représentait une véritable aide à la décision pour la stratégie de récupération à suivre. La décision finale restait bien sûr entre les mains de l’athlète et de son staff, eux seuls pouvant connaître et percevoir son état de forme de manière la plus juste.
“Grâce à l’outil développé par Seenovate, j’ai pu avoir en continu et en direct la courbe de ma performance mise en parallèle avec chacun des records existants. Cette comparaison tout au long de mes 24h d’effort m’a permis d’adapter au mieux la gestion de mon effort (selon si j’avais de l’avance ou pas).”
En effet, l’application indiquait la distance estimée à l’heure ainsi qu’à la fin de l’événement pour que Rémi puisse se projeter et cibler des objectifs atteignables.
La seconde application était destinée au public, lui permettant sur le même principe que la première de suivre Rémi en temps réel. Il pouvait ainsi suivre les courbes d’allure moyenne et de distance parcourue au regard des records existants. L’interface et l’affichage étaient dynamiques, pour que chacun puisse se plonger dans la course aux côtés de Rémi. Une courte animation est présentée en Figure 2.
Figure 2 : Application 2 – Suivi de la course à destination du public.
Analyse des performances
Au-delà du record battu, un élément distingue la performance de Rémi du détenteur précédent : la stratégie de course. En effet, Rémi a été plus ou moins régulier durant les 24 heures en ce qui concerne la répartition entre ces temps d’effort et de pause. Nous pouvons voir l’évolution de son allure tout au long de l’épreuve ci-dessous :
La stratégie adoptée a été de faire des pauses à chaque heure d’effort, alors que le recordman précédant avait opté pour de plus longues périodes d’effort et de pause. En ce qui concerne l’allure, nous pouvons voir que 3 phases différentes se distinguent (voir Figure 3). La première (zone verte) correspond aux 11 premières heures de la course où Rémi a su garder un rythme assez constant, impacté par les phases de récupération horaire. Notons que Rémi était parti sur les bases du record du monde 40-49 ans avant de connaître des difficultés vers la douzième heure d’effort, soit aux alentours de 2 heures du matin (zone orangée).
Cette période de faiblesse aurait pu lui coûter très cher s’il n’avait pas su se ressaisir. Cela se voit très bien sur son allure, chutant fortement pendant une heure (voir l’augmentation du temps moyen sur 500m dans la zone orangée avoisinant les 3 minutes aux 500 mètres). La baisse significative de l’allure correspond à une pause de 10 minutes, plus longue que les précédentes, mais tout aussi nécessaire pour maintenir une allure en phase avec les records ciblés.
Par la suite, il a réussi à stabiliser son allure ainsi que l’écart qu’il gardait avec le record de France (qu’il finira par battre au bout de ces 24 heures éprouvantes (zone bleue)).
“L’histoire se termine parfaitement puisque je bats grâce à Seenovate le record de France des 24h d’ergo, en parcourant 295km (contre 292 l’ancien record de France), soit une moyenne d’environ 12km/h. Ce rythme est comparable à celui de la course à pied ce qui donne une idée de la difficulté… Et donc la nécessité d’être accompagné pour rester lucide…”
Les temps de pause ont donc été très importants et les données récoltées sont les premières à en témoigner. En effet, quand on observe le graphique ci-dessous, on peut voir que son écart par rapport au record du monde est perturbé chaque heure par de légères fluctuations, notamment à cause des temps de pause effectués (les records nationaux et internationaux ont été tracés sur la base des performances finales enregistrées, et n’affichent donc pas les pauses véritablement effectuées par leurs détenteurs).
On observe qu’à partir de la mi-distance (i.e. autour de 150 km), l’écart avec le record du monde de sa catégorie augmente en sa défaveur, où il commence véritablement à être distancé par son ancien détenteur. Cela correspond au moment où Rémi a subi sa plus importante difficulté. A contrario, il prend de l’avance sur le record national dès le début de l’effort, bien que l’écart se réduise à la mi-distance, où Rémi luttera jusqu’à la fin pour conserver son avance et battre le record de France !
Une défaillance détectée par des marqueurs de fatigue
Une autre manière d’appréhender l’effort consiste en l’analyse de la fréquence cardiaque d’exercice. Véritable témoin de l’intensité de l’effort et particulièrement adaptée aux efforts continus (efforts sans discontinuité pour lesquels l’intensité est maintenue sur une durée modérée à longue (d’une dizaine de minutes à plusieurs heures). Nous retrouvons une baisse significative de la fréquence cardiaque moyenne autour des douze heures d’effort, en grande partie justifiée par une pause plus longue (voir Figure 5). À l’inverse, nous retrouvons une anti-corrélation entre l’allure moyenne et la fréquence cardiaque moyenne des 60 dernières minutes, notamment sur la dernière heure d’effort. En d’autres termes, Rémi a bien opté pour un finish à haute intensité, recouvrant et sollicitant les dernières ressources énergétiques pour battre le record national de sa catégorie.
Même si ces données objectives nous permettent de suivre l’effort en continu sur les aspects biomécaniques et physiologiques, quand est-il de la performance de Rémi ? À quels moments était-il réellement performant et enclin à battre le record national ?
Pour donner quelques éléments de réponse, nous construisons un critère de performance basé sur le rapport entre l’allure moyenne de la dernière heure (normalisée par rapport à la meilleure allure enregistrée) et la fréquence cardiaque moyenne de la dernière heure (elle aussi normalisée par rapport à la fréquence cardiaque maximale enregistrée).
Ce rapport nous permet ainsi d’appréhender la contribution des métabolismes et plus largement de l’activité physiologique du rameur pour une allure donnée, offrant une information strictement biomécanique. En Figure 6, nous observons l’évolution de cet indice, que l’on nommera « indice d’efficience » (IE) au cours des vingt-quatre heures.
Premièrement, l’IE est strictement supérieur à 1 lors de la première moitié de l’événement, indiquant une performance satisfaisante ou du moins excluant toute contre-performance notable. Le déclin connu aux alentours des douze heures montre bien une chute de cet indice, où globalement pour une même activité cardiaque l’allure fut bien plus lente qu’au cours de la première moitié d’effort. Le rebond à la treizième heure montre une reprise de l’effort de manière soutenue, mais avec un IE plus faible qu’en première partie, oscillant entre 0.8 et 1. Ceci suggère donc une contribution cardiaque plus importante pour maintenir une même allure, témoin d’un effet fatigue.
L’interprétation des courbes reste cependant soumise à quelques précautions. Les temps de récupération n’ayant été ni enregistrés, ni précisément retrouvables, l’IE comme toute autre statistique à l’heure en est impacté. Nous interprétons donc ces données de manière globale, sans s’attarder sur les différences d’allure et de fréquence cardiaque moyennées sur chaque heure d’effort.
En résumé, les équipes de Seenovate ont été ravies d’accompagner Rémi dans son succès et le félicitent pour ce nouveau record. Un des points clé de la réussite de ce projet réside dans les échanges constants qui ont eu lieu avec l’athlète afin de répondre à ses besoins et de lui apporter une aide optimale pour la réalisation de sa performance.
“Sans l’aide technologique que m’a apportée Seenovate, j’aurais perdu beaucoup d’énergie et de stress à calculer et comparer le delta entre ma performance et les anciens records”.
Pour rappel, Seenovate, par sa marque Seesports, possède une véritable expertise dans la valorisation de la donnée de l’écosystème sportif. Une question sur votre projet ? Un besoin de soutien par des experts de la donnée et du sport ? Nos équipes sont à votre disposition !